Les minorités sexuelles face au risque suicidaire en France / Psychologies
Les minorités sexuelles face au risque suicidaire en France est une étude réalisée par Jean-Marie Firdion, François Beck et Marie-Ange Schiltz, publiée dans le BEH n°47-48, en décembre 2011. Depuis une vingtaine d'années, le lien entre comportement suicidaire et orientation sexuelle a été pris en compte dans certaines recherches portant sur les discriminations et la santé publique, ainsi que dans des dispositifs de prévention des conduites suicidaires. Les personnes se définissant comme homosexuelles et bisexuelles, ou ayant des comportements homosexuels, semblent en effet davantage touchées par le risque de suicide.
Le harcèlement et la discrimination, dont ces minorités sexuelles habituellement définies comme lesbiennes, gays, bisexuel(le)(s), transgenre (LGBT) sont souvent victimes, pourraient aggraver les causes habituelles de comportement suicidaire (maladie grave ou invalidante, événement traumatique, perte affective, situation de stress économique, consommation de produit psychoactif, etc.) ou s'y substituer et expliquer le risque accru de comportement suicidaire observé.
Après les vives polémiques qui ont suivi la publication du rapport de la Task Force on Youth Suicide aux Etats-Unis en 1989, dans lequel un risque accru face au suicide des jeunes gays et lesbiennes était affirmé, des investigations s'appuyant sur des enquêtes scientifiquement solides ont été menées pour mettre à l'épreuve ces résultats. Certaines de ces enquêtes ont porté sur un échantillon probabiliste en population générale, d'autres sur un échantillon de jumeaux discordants en termes d'orientation sexuelle, ou sur un échantillon de jeunes LGBT avec échantillon de contrôle apparié .
Ces études nord-américaines, conduites à la fin des années 1990, ont permis d'estimer le lien existant entre l'appartenance à une minorité sexuelle et les tentatives de suicide (TS) au cours de la vie. Les homo/bisexuels masculins présentaient de 2 à 7 fois plus de risque suicidaire que les hommes hétérosexuels exclusifs. Les femmes homo/bisexuelles présentaient de 1,4 à 1,8 fois plus de risque de suicide que les femmes hétérosexuelles. Les variations, parmi ces estimations, provenaient notamment du champ considéré (tranche d'âges...), de la définition des minorités sexuelles (identité sexuelle, orientation sexuelle, comportements sexuels) ainsi que de la couverture géographique des études.
Téléchargez le dossier complet sur le Bulletin épidémiologique hebdomadaire n° 47-48, décembre 2011